Les manuels scolaires #MonEcoleSansSexisme

Le Centre Hubertine Auclert réalise des études sur les représentations sexuées et sexistes dans les manuels scolaires. 

Ces études font le constat de la sous-représentation des femmes et de la persistance des représentations stéréotypées.

Chiffres alarmants : pour 3345 personnages sexués il y a : 2676 hommes et 672 femmes, soit 80% d’hommes.

Les hommes sont majoritairement représentés dans la sphère professionnelle. Lorsque les femmes occupent un travail, elles restent cantonnées aux métiers traditionnellement féminins, qui sont peu valorisés. L’influence des femmes scientifiques, artistes, activistes est minimisée, voire carrément invisibilisée.

Parmi les personnalités publiques mises en évidence, seules 10% sont des femmes.

« Dans les manuels de lecture du CP, les femmes représentent 39 % des personnages. Elles sont minoritaires dans toutes les sphères où elles apparaissent, sauf dans le cadre des activités domestiques et parentales. » guide pratique du centre Hubertine Auclert

La répétition des stéréotypes contribue à la reproduction et l’intériorisation de normes de genre. Ce qui finit par restreindre le champ des possibles des enfants.

Rendre les manuels scolaires égalitaires les rapproche plus proches de la réalité. Il est, par exemple, plus juste d’utiliser l’expression « suffrage universel masculin » que «suffrage universel » quand seuls les hommes pouvaient voter.

Une étude sur l’enseignement de la grammaire montrait que les leçons sur le genre des noms présentent les formes féminines comme construites à partir du masculin, alors qu’en français masculin et féminin sont construits à partir du suffixe, le suffixe déterminant le genre du nom inanimé.

En désignant les formes de féminin comme construites à partir des formes de masculin, le masculin est présenté comme le neutre et le féminin l’irrégulier. 

« L’insistance des manuels à faire perdurer cette erreur d’analyse est incompréhensible puisque, loin de faciliter l’apprentissage des régularités morphologiques du français, elle rend complexe ce qui ne l’est pas : les suffixes marquant le genre font système et ne présentent aucune irrégularité structurelle. » Enseigner la grammaire du genre : à propos du traitement idéologique de la langue dans les manuels scolaires de CE1, Yannick Chevalier 

Ainsi il existe un contraste entre l’affichage d’une politique éducative en faveur de l’égalité filles-garçons, de lutte contre les stéréotypes de genre et les pratiques de l’édition scolaire.

Les programmes scolaires sont librement interprétés par les éditeurs. Aucun contrôle n’est exercé par l’Etat, ce qui n’est pas le cas dans tous les pays. La Fédération Wallonie-Bruxelles a voté en 2006 un décret relatif aux manuels scolaires prévoyant d’octroyer l’agrément aux manuels scolaires répondant à certains principes d’égalité et de non discrimination.

En France, les éditeurs sont simplement tenus informés de chaque changement de programme.

A partir de ces programmes peu détaillés, bien moins que dans le passé, les éditeurs de manuels scolaires ont une liberté totale d’interprétation de ces programmes.

Les questionnements relatifs aux inégalités hommes-femmes, aux stéréotypes pourraient être intégrés directement dans les programmes scolaires.

La lutte contre les stéréotypes pourrait faire partie des obligations imposées aux éditeurs.

Des idées pour agir :

En tant que parents : Proposer aux enfants des livres qui évitent les stéréotypes et incitent à réfléchir sur les inégalités filles-garçons. Des maisons d’édition jeunesse, comme Talents Hauts ou la Ville Brûle, se sont spécialisées dans le décryptage des stéréotypes notamment sexistes.

En tant que professionnel·les de l’éducation : En travaillant sur des grilles d’analyses permettant de repérer les stéréotypes, les manuels peuvent devenir des outils pédagogiques efficaces pour faire prendre conscience de l’ampleur du sexisme véhiculé au quotidien.

Ressources :

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