Service public de la petite enfance : des annonces pas assez ambitieuses pour l’égalité femmes-hommes

Paris, le 2 juin 2023

Suite aux annonces relatives au service public de la petite enfance, Parents & Féministes salue quelques mesures positives, dont on attend néanmoins le détail. Néanmoins, l’absence d’annonces sur les congés parentaux et sur les salaires des professionnel.le.s de la petite enfance constituent de réelles déceptions, de même que le renoncement au droit opposable. P&F appelle le gouvernement à utiliser le projet de loi plein emploi et le prochain PLFSS pour réhausser ses ambitions.

La Première Ministre et le Ministre des Solidarités ont organisé une conférence de presse, suite à la remise du rapport de la concertation sur le service public de la petite enfance. L’association Parents & Féministes avait rencontré à ce sujet le cabinet du ministre ainsi qu’Elisabeth Laithier, rapporteure générale de la concertation SPPE, en mars et en avril, et formulé des propositions.

Des annonces intéressantes mais des incertitudes sur la mise en oeuvre

Si l’on apprend finalement peu de choses nouvelles, Parents et Féministes salue des annonces intéressantes tout en attendant plus de détails. L’objectif général de 200 000 nouvelles places d’ici 2030 a été complété par un objectif intermédiaire de 100 000 d’ici 2027, un horizon qui engage le gouvernement. Il reste néanmoins à vérifier qu’il s’agit bien d’un effort “net”, ne se résumant pas à remplacer les départs en retraite d’assistantes maternelles (ce qui serait sans effet sur le taux de couverture global). On peut également saluer le fait que la qualité de l’accueil est au centre des débats, même s’il reste à prouver que les actes sont à la hauteur des discours. Enfin, la mobilisation de 5,5 milliards d’euros est a priori une bonne nouvelle, sous réserve de connaître les  détails. 

Toutefois, beaucoup d’incertitudes persistent sur les modalités concrètes de ces annonces. Comment le gouvernement compte-t-il créer en 4 ans davantage de places d’accueil qu’il n’a réussi à le faire en 6 ans ? P&F alerte le gouvernement sur son manque de crédibilité tant qu’un plan pluriannuel clair ne sera pas défini. Combien, concrètement, de places de formation vont être ouvertes pour former davantage de professionnel.le.s ? Combien, concrètement, de crèches va-t-on ouvrir et où ? Les discours ne suffisent pas.

Silence sur trois sujets majeurs : les congés parentaux et le congé paternité, les salaires du secteur, et le droit opposable au mode de garde

Rien n’a été annoncé concernant la revalorisation des congés parentaux, et l’indispensable extension du congé paternité. C’est une déception majeure. L’égalité femmes-hommes après une naissance n’est pas qu’un enjeu de reprise professionnelle des mères. C’est aussi une question d’égalité au sein des couples. Les deux phénomènes s’entretiennent : l’inégale répartition des tâches parentales favorise l’inégale répartition des temps partiels et des congés parentaux, crée un terrain propice aux discriminations professionnelles subies par les mères, contribue à perpétuer certains phénomènes comme le plafond de verre, et freine les réflexions globales sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale dans les entreprises. Le congé paternité est également un enjeu de santé publique, en tant que facteur atténuant les risques de dépression du post-partum des mères. Il faut mettre fin au système qui Les 28 jours accordés en 2021 restent un premier pas insuffisant.

Ensuite, rien n’a été annoncé concernant les revalorisations de salaires dans le secteur de la petite enfance. Cessons de parler de “pénurie de personnel” comme s’il s’agissait de matières premières ! Il s’agit d’une crise sociale légitime, appelant des mesures fortes.

Enfin, contrairement aux promesses d’Emmanuel Macron pendant sa campagne, le gouvernement abandonne le “droit opposable au mode de garde”. S’il faut reconnaître que la mise en pratique de cette promesse suscitait beaucoup d’interrogations, aucune compensation n’est prévue pour les familles – principalement les mères – qui rencontrent des obstacles socio-économiques ou dont la santé mentale est fragilisée du fait de difficultés liées à la garde de leurs enfants. 

Parents & Féministes réaffirme que les défaillances du service public de la petite enfance impactent fortement les femmes, qu’elles soient mères et/ou professionnel.le.s de la petite enfance, et nuit à l’éducation et à l’épanouissement des enfants. C’est un enjeu féministe. Nous appelons le gouvernement à remettre au centre l’égalité entre les femmes et les hommes, dans l’intérêt de tous y compris des enfants : revalorisation des congés parentaux avec extension du congé paternité, revalorisations des métiers de la petite enfance, plan de rattrapage de l’Etat dans les territoires sous-dotés. P&F va se mobiliser sur ces sujets, en particulier via le futur projet de loi “plein emploi” et le prochain PLFSS. A court terme, P&F soutient le mouvement social du 6 juin.

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