
Alors que plus personne n’attendait cette réforme, le gouvernement a finalement intégré dans le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) la création d’un « congé de naissance », dans un format extrêmement minimaliste (pas plus de deux mois par parent, une indemnisation dégressive et encore indéfinie, à partir de juillet 2027 seulement).
Contrairement à ce que nous aurions pu penser au regard des précédents projets de réforme, aucun parent et aucune femme ne perd de droit du fait de cette seule mesure.
Même si le bénéfice est mince, il n’y a donc pas lieu de s’opposer à cette proposition : c’est mieux que rien.
Mais il faut être clair : cette réforme n’aura pas d’effet majeur sur la réduction des inégalités femmes-hommes. Nous nous opposons donc vigoureusement à toute instrumentalisation de la cause des femmes dans la communication politique autour de ce projet.
En effet, le congé de paternité et d’accueil de l’enfant n’est pas étendu ni rendu obligatoire. L’inégalité des responsabilités parentales restera la norme entretenue par les politiques publiques. Les coparents souhaitant s’investir à égalité continueront d’être pénalisés financièrement par rapport à ceux qui laissent la mère en post-partum s’occuper seule pendant plusieurs mois d’un nourrisson.
Par ailleurs, le congé parental reste indemnisé à 70% du RSA : les parents et particulièrement les femmes qui souhaitent ou doivent interrompre leur vie professionnelle après une naissance continueront de s’appauvrir.
Enfin, si l’effort budgétaire annoncé (300M€) peut sembler conséquent, cela ne suffit pas à compenser la chute des dépenses observée depuis dix ans : la France continue de dépenser moins pour les congés parentaux qu’en 2014. Parallèlement, le service public de la petite enfance est en crise et met des milliers de familles en tension.
Nous demandons au gouvernement de revoir cette copie et aux parlementaires d’utiliser les maigres marges de manœuvre à leur disposition pour améliorer cette réforme et la transformer en un projet au service de l’égalité femmes-hommes et de l’épanouissement des jeunes enfants.
